Avec l’une des plus belles vues de Nice, Les Bains du Castel est la nouvelle adresse qu’il faut absolument découvrir. Perché au dessus de la mer et creusé dans la roche, tel un repère de « méchant » d’un James Bond, le second restaurant de Castel Plage se voue avec passion aux richesses de la Méditerranée. Ali, que l’on ne présente plus, figure incontournable de la ville et des parfaites journées ensoleillées et enjouées au bord de mer et Chemsy, sa fille, vous reçoivent avec attention, générosité et amour, telle une famille de coeur. Après plus de trois ans d’attente et de travaux, tous deux ont les yeux qui pétillent de cette nouvelle et délicieuse aventure. Ali redevient, avec émotion, ce petit garçon au regard brun qui a appris à nager dans ce lieu qui est le sien depuis maintenant presque 40 ans.
Les Bains du Castel sont situés en place des bains de la police, cette emblématique avancée au dessus de la mer, creusée dans la roche, tel un « bunker », une concession attribuée par le prêfet pour les forces de l’ordre et son « Amicale des bains et des foyers de la police » depuis 1947 en remerciement des services héroïques durant la libération de Nice. Fermés depuis 2015 en raison de la vétusté, et de l’affaiblissement des matériaux dû à l’érosion et aux nombreux et violents coups de mer, la Préfecture décida de sécuriser le site en en fermant l’accès. C’est en 2020 qu’Ali a repris la concession dans le prolongement de Castel Plage, dans l’idée d’y installer un restaurant de la mer d’une époustouflante vue. Les travaux se sont révélés considérables. C’est une véritable prouesse technique que les ouvriers, artisans et toute la famille ont effectuée durant ces trois années avec, notamment, l’agrandissement des cuisines et sa mise aux normes, comme l’installation d’une ventilation creusée dans la roche sur 12m de hauteur, et la réhabilitation des couloirs alambiqués et presque secrets qui vous emmènent jusqu’au pied de la colline du château. Tout a été fait sur mesure, toutes les traces de béton disgracieux ont disparu, tous les détails ont été peaufinés, les artistes décorateurs des studios de cinéma de la Victorine ont exercé leur talent de trompe l’oeil en perfection de la roche avec un effet bluffant de vérité qui ne dissone aucunement avec la nature. Les plantes grasses (les palmiers, qui viennent de la palmeraie d’Ali), les pierres naturelles des marches, le teck du mobilier ou des panneaux pour certains murs, la décoration aux notes arty et les bibelots chinés durant des années avec amour par Ali et conservés dans une caverne de trésors et de souvenirs (avec cette idée en tête que ces objets auront un jour leur parfaite place)… Tout l’ensemble est une harmonie totale et donne un effet incroyable d’une oasis sur la mer : celle d’Ali.
L’arrivée aux Bains du Castel se fait, pour la saison, depuis la plage et devrait se faire cet hiver directement depuis Rauba Capeu, juste derrière le fameux signe I Love Nice. C’est toujours un moment inspiré et une récompense, tant attendue, de voir se rapprocher ces belles lettres azur et stylisées de Castel. Vous voilà accueilli avec délicatesse et grand sourire, vous indiquez alors votre réservation pour les Bains et c’est avec complicité que l’on vous accompagne « à ce lieu dans ce lieu ». Vous longez, alors, la vibrante et gourmande Castel plage accompagné d’une douce musique jazzy. Vous empruntez cette passerelle en métal au dessus de l’eau, comme pour accéder sur un joli yacht : à cet instant précis, vous n’êtes plus à Castel, ni même à Nice, vous êtes au bout du monde, un monde qui devient vôtre le temps d’un déjeuner ou d’un dîner inoubliable. Cette vue et ce « son » , qui se fait merveilleux et apaisant du ressac des vagues, vous happent entièrement, vous emportent bien loin de tout et vous savez que vous allez vivre un instant suspendu dans cette bulle de bonheur posée sur la mer.
La cuisine signée du chef Antonio di Michele au parcours prestigieux (The Maybourne RIVIERA, Hôtel Connaught Londres, Jean-Georges Vongerichten, Mauro Colagreco) est raffinée et créative, il travaille avec sincérité les produits de la mer qu’il condimente de twists parfaitement ajustés aux saveurs de saison, ses assiettes, aux délicats dressages, sont précises et percutantes de vie. Les poissons sont locaux et péchés non loin de là, et ont l’ultra fraîcheur d’une livraison quotidienne et directe par bateau par un des derniers pêcheurs de Nice. Les légumes de saison sont, eux aussi, cuisinés avec une grande justesse.
Les fruits de mer, comme les huîtres des maisons Tabourieche et Roumégous, se dégustent dans une superbe fraîcheur relevés de feuilles d’huître et d’une vinaigrette en croque de pommes.
Le Crudo de Gamberoni et les Sashimis de thon rouge, de loup et de sériole ont la tranche aiguisée, adaptée d’une belle mâche, qui fond, tel un subtil bonbon d’iode, qui ravive la bouche. Les feuilles de shiso, à la saveur si typique, viennent vivifier de leur côté herbacé et poivré le poisson, comme il se doit au Japon. La sauce ponzu maison finalise le tout en une précieuse bouchée.
Asperges et langoustine, sauce hollandaise aux amande, beurre de langoustine, crumble et huile de menthe : la langoustine a cette cuisson minute idéale, entre nacrée et fermetée, elle s’engourmandise avec profondeur d’une aérienne sauce hollandaise aux amandes, qui s’agrémente d’agrumes et de la pointe mentholée du crumble et de l’huile. Les asperges ont cette parfaite double texture entre fondant et juste croquant.
Les Noodles de thon rouge cru, billes d’avocat, huile épicée, daikon, tuile d’algue, sauce soja, gingembre frais : le thon rouge, qui garde sa verve marine avec cette unique identité viande, s’imprègne judicieusement de l’huile épicée. L’avocat, en billes claque, cadence en bouche et délivre sont côté rond et réconfortant. Le daikon, en spaghetti, fait écho en équilibre au gingembre. Une assiette ciselée et japonisante, terriblement vivante de Méditerranée.
Vitello tonato, katsuobushi, tuile de pain de seigle, câpres frites, parfait de jaune d’œuf, sauce tonato à l’ancienne : une revisite en tradition de cette addictive entrée italienne. Le veau, en chiffonnade de sa douce cuisson rosée, se twiste de vie et d’iode des katsuobushi (copeaux de bonite séchée), le pain de seigle en tuile est craquant, le parfait de jaune d’oeuf est un condiment gourmand et les câpres frites viennent titiller le tout.
Carpaccio de poulpe, suprême d’orange brulée, tomate, concombre, roquette, pickles d’oignon rouge, foam de citron, feuilles de Shiso : le poulpe se fait graphique de sa fine découpe au rasoir, il se dynamise des agrumes brûlés et de la fraîcheur printanière des petits pois frais travaillés en gel. L’écume de citron et les pickles d’oignon rouge rassemblent et assemblent avec harmonie.
Filet de Bar de Méditerranée & asperges blanches Sauce Vermouth beurre blanc, ail des ours : le poisson de « chez nous » a sa cuisson perfection, les asperges blanches s’enivrent d’une onctueuse sauce vermouth à la savante modernité et profondeur de l’ail des ours.
Poulpe de roche, crémeux de maïs, suprême de maïs, espuma de maïs, huile d’harissa maison, chips d’algues Dulse : le poulpe est grillé en crousti-fondant, le très vibrant espuma de maïs et le maïs en tranche, juste brulé, ont cette merveilleuse bienveillance gustative envers ce fringant poulpe qui déclame encore plus de son iode grâce aux chips de l’algue Dulse. L’huile d’harissa maison emporte gaillardement vos papilles dans un savoureux voyage.